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A Londres, Gucci transforme la Tate Modern en oasis de verdure

« Nous aurons toujours Londres » : c’est le titre de la collection croisière 2025 que Gucci a présentée dans la capitale anglaise, lundi 13 mai. Une formulation évoquant « Nous aurons toujours Paris », prononcée par Humphrey Bogart dans le film Casablanca (1942), où l’acteur tente de convaincre Ingrid Bergman que, même si la guerre va les séparer, ils pourront toujours compter sur leurs souvenirs heureux.
Est-ce le contexte géopolitique qui a inspiré ce titre équivoque au directeur artistique, Sabato de Sarno ? Ou les enjeux qui pèsent sur lui ? Pour une marque de luxe, la collection croisière est cruciale, car c’est celle qui reste le plus longtemps en boutique. Par ailleurs, Gucci représente la moitié des ventes mondiales du groupe Kering, auquel elle appartient et dont l’activité a baissé de 10 % sur les trois premiers mois de l’année 2024. C’est beaucoup de pression pour Sabato de Sarno, qui, avant d’être nommé chez Gucci, en 2023, n’avait jamais piloté de marque.
Pour remplir cette délicate mission, le Napolitain de 41 ans a choisi Londres, où il a investi la Tate Modern, une centrale électrique conçue en 1891 et transformée en musée un siècle plus tard. Une partie de l’ancienne salle des machines et deux réservoirs ont été pour l’occasion décorés de plantes sauvages, comme si la nature était en train de reprendre ses droits sur le béton. Dans un chemin serpentant au milieu des 700 invités, dont un grand nombre de célébrités – Dua Lipa, Kate Moss, Demi Moore, Debbie Harry… –, les mannequins ont incarné une collection hétéroclite.
Le premier look, avec sa veste croisée en veau velours beige, sa blouse lavallière fleurie au nœud flottant, son jean baggy délavé et ses ballerines, évoque le romantisme un peu débraillé d’Alessandro Michele, le prédécesseur de Sabato de Sarno chez Gucci. Puis une silhouette rouge carmin jouant sur différents types de cuir évoque plutôt la sobriété Hermès. Des robes blanches transparentes brodées de motifs floraux ont un parfum hippie chic de Chloé. Les grandes robes décolletées monochromes rappellent qu’avant Gucci Sabato de Sarno a fait carrière chez Valentino.
La touche Sabato de Sarno émerge ici et là à travers quelques détails : les franges de perles cousues sur une jupe ou un pantalon qui se balancent au gré de la démarche ; le rouge carmin brillant dont il a fait sa signature ; les paletots en cuir épais ; la dentelle délicate comme de la lingerie apparente. Mais ces éléments disparates ne forment pas un ensemble assez structuré permettant de dire : « Voilà le nouveau style Gucci. »
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